Back to the Bible lands

Jesus’s first steps, Mulsant and Chevalier Bible lands films, from http://www.europafilmtreasures.eu

Regulars may remember that in the Bioscope report on the Pordenone 2007 festival, there was a detailed account of the remarkable find by Lobster Films of a cache of films from the earlier years of cinema taken in the ‘Bible lands’ i.e. Palestine. This collection of some eighty or so films included both actualities and dramatised scenes of the nativity. At the time, no one knew who had made these films, though a good guess was made that the filmmaker might have been the Frenchman Léar (real name, Albert Kirchner), known to have filmed nativity scenes in Palestine in 1897. Some of the films were believed to date from that period, but others stylisically suggested a slightly later date.

A year on, and the mystery has been solved. The films were not made by Léar but by the Abbés Mulsant and Chevalier in 1904, supported by the Roman Catholic promotional organisation, La Maison Bonne Presse. Mulsant and Chevalier visited Egypt, Palestine, Lebanon and later Turkey. They filmed the scenes about them, and created dramatised scenes inspired by the celebrated Bible paintings of James Tissot.

Research continues on their work, but Eric Lange of Lobster Films has kindly sent me a text on his discoveries. It’s in French, but that’s not going to present you with any problems (not in these post-Google Translate days). A selection of the films, concentrating on the nativity scenes, can be found on the European Film Treasures site (search under Mulsant or 1904), which has further information on the collection.

Au lendemain de la guerre de 1870, LA MAISON DE LA BONNE PRESSE voit le jour, sous les auspices des Augustins de l’Assomption. Son but est d’affirmer une présence catholique dynamique à travers des manifestations de masse : pèlerinages, enseignements, ou presse avec des organes comme le Pèlerin lancé en 1873 ou La Croix, 10 ans plus tard.

En 1895, le directeur de La Croix confie à Georges-Michel Coissac, futur historien du cinéma, la création et la responsabilité d’un service de projections lumineuses.

Des conférenciers projectionnistes sillonnent alors les paroisses et diffusent la bonne parole grâce aux séries de plaques de verre illustrant sous forme de tableaux vivants, la vie du Christ, des Saints et Martyrs ou les histoires édifiantes de Théodore Botrel.

En 1905, lorsque intervient la séparation de l’Eglise et de l’état, le cinématographe a depuis longtemps perdu son statut de curiosité scientifique pour n’être plus, pour beaucoup, qu’une vulgaire attraction de fête foraine.

Il commence toutefois à intéresser les esprits pieux de la maison de la Bonne Presse.

Lors du deuxième congrès général des oeuvres catholiques de conférences et de projections (19 – 22 février 1906) un conférencier défini ainsi ce point de vue :

« Il n’est personne qui nie l’intérêt des projections cinématographiques et le parti qu’en pourraient tirer les oeuvres catholiques de projections. Celles-ci ne doivent pas, sous peine de rester en retard et de se priver d’un puissant élément de succès, dédaigner cette nouvelle manifestation de l’art dans l’image lumineuse. Aussi semble-t-il tout naturel que le Congrès veuille étudier cette année les moyens de vulgariser le cinématographe et de le mettre à la portée d’un plus grand nombre. »

Ce rapport émane de l’abbé Mulsant qui a déjà mis en pratique sa théorie:

« On me permettra d’exposer ici l’oeuvre que j’ai entreprise en collaboration avec M. L’abbé Chevalier; heureux si notre petite expérience peut être de quelque utilité pour les conférences catholiques.
Ayant à chercher des ressources pour nos écoles du Liban très menacées par la diminution des aumônes venant de la France, et en face de l’impossibilité de quêter en ce moment dans notre pauvre patrie, nous avons songé à donner des conférences aussi intéressantes que possible, et en joignant aux projections lumineuses ordinaires les vues cinématographiques.

Pour cela nous avons fait un long voyage en Orient, pays qui du reste nous était déjà connu, et nous sommes arrivés à récolter en Egypte, en Palestine et au Liban de nombreux documents, clichés et bandes cinématographiques, avec lesquels ont été composées cinq conférences documentaires ou artistiques.

La première, Vers les cèdres du Liban, nous promène à travers les montagnes si pittoresques de la Syrie.

La deuxième et la troisième, s’attachant à la personne sacrée de Notre-Seigneur Enfant, essayent de le faire revivre, soit à la manière de Tissot dans la conférence documentaire Au pays de l’enfance du Christ, soit dans la Vierge et son fils, à la manière des artistes idéalistes qui, si nombreux à tous les ages, ont plus ou moins prêté à la Sainte Famille nos moeurs et nos goûts.

La quatrième conférence, Le Caire pittoresque, conduit dans la capitale de l’Egypte moderne, en fait ressortir les particularités et les contrastes et donne sur la religion musulmane et ses rites, de très curieux documents.

La cinquième, les Hébreux d’autrefois et les Fellahs d’aujourd’hui, transporte l’auditeur à plusieurs siècles de distance et fait revivre les moeurs au temps de Joseph et des Pharaons dans l’étude de la vie des champs et de la construction des temples.

Ces cinq conférences sont établies sur le même modèle, en ce sens que l’illustration lumineuse du texte est toujours composée de vues fixes alternant avec les vues cinématographiques. Un dispositif nouveau, inventé par les conférenciers eux-mêmes, permet la substitution instantanée du cliché à la vue mouvante. Cette méthode a le grand avantage de donner à la conférence plus de vie et de variété, les explications étant données sur les vues fixes qui ne sont que l’analyse du sujet cinématographique suivant.

Le spectateur jouit ainsi beaucoup mieux de la vue cinématographique déjà expliquée et n’est pas fatigue par une projection non interrompue de 600 mètres de bandes. Je puis dire que ces conférences, grâce à l’inédit des documents et à la perfection de l’appareil, ont pu être données en très grands nombres dans les milieux les plus différents, toujours avec le plus beau succès. En dix-huit mois, nous avons fait plus de 250 conférences dans des Grands et Petits Séminaires, des salons, des Sociétés de géographie, des Cercles artistiques, des collèges et couvents, des salles populaires où nous avons réuni plus de 2000 personnes. Nous comptons continuer notre oeuvre et poursuivre notre campagne de conférences, qui, comme nous l’ont dit bien des prêtres et des évêques nos auditeurs, font un bien réel aux âmes et permettent de parler de Notre-Seigneur dans tous les milieux. »

L ‘œuvre entreprise par Mulsant et Chevalier n’est certes pas une première. Dès 1897, Albert Kirchner, dit Léar, avait accompagné le père Bailly dans son pèlerinage aux pays du Christ et en avait ramené les premiers films tournés en Palestine et en Egypte ; des films malheureusement perdus aujourd’hui.

Toutefois, s’ils ont bien été tournés en 1904, comme le laissent à penser les déclarations de l’abbé Mulsant, ces films offrent un des plus anciens témoignages filmés de la vision chrétienne en terre Musulmane.

Tourné in situ, la vie de Jésus détonne par rapport aux nombreuses versions très théâtrales éditées alors par Pathé, Gaumont ou Lumière. Le but est ici de « remettre en scène, sur place, au jour le jour, les personnages bibliques, d’évoquer leurs figures, redire leurs paroles, dans le pays que la Providence avait donné pour cadre à leurs passions, à leur espoir, à leur apostolat. »

Les sujets des autres conférences sont complémentaires puisque l’observation des us et coutumes en Palestine, en Egypte ou au Liban permet de « mettre en évidence les vestiges des traditions antiques, commentaires vivant de l’Ecriture qui éclairent d’un jour nouveau telles pages obscures de la Bible ou de l’Evangile. »

Au delà de leur aspect ethnographique ou religieux, les films de Mulsant et Chevalier sont aujourd’hui le témoignage rare d’une pratique qui va pendant longtemps opposer laïcs et catholiques: celle du conférencier projectionniste.

Le Texte des conférences de Mulsant et Chevalier semble avoir disparu, mais on en trouve toutefois quelques extraits dans les séries de cartes postales illustrées, éditées à partir de 1907 et proposées aux abonnées du Fascinateur, revue consacrée à la projection par la Maison Bonne Presse.

1907 est également l’année de la consécration pour Mulsant et Chevalier. Leur Annonciation de la Vierge est présentée au Vatican devant le Pape Pie X, en vues fixes d’abord, puis en scène cinématographique, avec de brèves explications du P. Chevalier lui-même. Le film vient conclure un programme des plus variés où se succèdent des scènes de la vie militaire, des scènes champêtres ou maritimes sans oublier des portraits de Sa Sainteté et de splendides tableaux de la vie du Christ ou des films comiques tel Toto Aéronaute (Pathé 1906)!

Jusqu’alors, les films de Mulsant et Chevalier ne se trouvaient pas dans le commerce, ce que regrettaient certains congressistes lors du troisième congrès général des œuvres catholiques de conférence et de projection. Après la séance faite au Vatican, un accord est conclu avec Gaumont qui propose fièrement sous le numéro 1821 de son catalogue « A Nazareth », collection de MM. Mulsant et Chevalier, projections représentées devant le Souverain Pontife. Ce films de 70 mètres se divise en 5 parties: L’atelier, Fontaine de Nazareth, Retour de la Fontaine, Le puits, le soir qui tombe.

Curieusement le film n’est qu’en distribution ; les droits de représentation sont réservés pour la France et la Belgique et il faut s’adresser directement aux Auteurs, 14 rue Sainte-Hélène à Lyon.

Peut être Gaumont ne veut il pas faire trop de concurrence à sa Vie du Christ éditée en 1906 et dont certains tableaux s’inspirent également de la Passion du peintre James Tissot. Dans ces mémoires, Alice Guy, qui a réalisé le film, indique que Mulsant et Chevalier étaient présents sur le tournage et portaient un vif intérêt à son travail. On pourrait en déduire d’après ces propos que les deux prêtres se sont inspirés d’Alice Guy, alors que ceux-ci avaient tournés leur vie de Jésus 2 ans plus tôt.

La production cinématographique de la maison de la Bonne Presse ne débute réellement qu’en 1909, avec une version de la Passion de 1000 mètres réalisée par Honoré le Sablais qui dirigera la production jusqu’à la première guerre, avant que l’abbé Danion ne prenne le relai.

En 1909, Mulsant et Chevalier sont certainement en Turquie comme en témoignent une série films retrouvés en même temps que ceux d’Egypte et de Palestine. On y découvre le témoignage de la présence chrétienne dans un orphelinat ainsi que les ruines d’Adana après les premiers massacres d’Arméniens. Ces films n’ont sans doute pas encore révélé tous leurs secrets.

Puis nous perdons la trace de Mulsant et Chevalier après une dernière séance de projection à Moulins, mentionnée par le Fascinateur en 1910:

« M. L’abbé Mulsant, le conférencier bien connu, a organisé cette année à Moulins toute une série de conférences religieuses, pour dames et jeunes filles, sur la vie de Notre-Seigneur, dans le but d’aider à l’intelligence des Evangiles.

Les projections ont été exécutées par M. l’abbé Mulsant lui-même, avec un appareil de haute précision, à la lumière oxy-éthérique. Les vues projetées, dont un bon nombre en couleurs, sont en grande partie l’œuvre originale et personnelle de M. Mulsant. Prises directement sur les Lieux-Saints même ou empruntées aux plus grands peintres de toutes les époques, elles ont pour but constant et unique soit la reconstitution historique des faits évangéliques, soit la représentation la plus expressive des mystères sacrés, d’évoquer en un mot, sous les yeux de la vie même du Christ, telle qu’il la vécut parmi nous, il y a dix-neuf siècle. »

Les recherches continues. A suivre …

Eric has also drawn my attention to his Cinématographes site on early cinema technology. Written in French, it’s a fabulous collection of images and descriptions of cameras, projectors etc., company information, catalogues and more, which I’ll cover in greater detail in a later post.

2 responses

  1. Oh wow… I would be all over seeing those if the opportunity presented itself, as much for the vintage footage of Egypt and the Holy Land as for the actual dramatizations.

  2. Do note that nine of the ninety or so films in the collection are available to view on the Europa Film Treasures site, under the title Palestine – Programme biblique – 1904. These are the scenes featured:

    Annonciation/The annucation – negative no. 168
    Saint Anne et Saint Vierge a la meule/Saint Anne and the Holy Virgin at the millstone – no. 97
    Saint Joseph repousse de Bethleem/Saint Joseph turned away from Bethlehem – no. 100
    Adoration des bergers/Adoration of the shepherds – no. 98
    Fuite en Egypte/Flight into Egypt – no. 143
    Premiers pas de Jesus/Jesus’ first steps – no. 122
    Sur le Jourdain/On the Jordan – no. 157
    L’urne brisee/The broken urn – no. 154
    Jesus en Croix/Jesus on the cross – no. 121

    The last of those keeps with the Nativity/childhood of Jesus theme – it shows the child Jesus carrying a cross and then lying on it.